Débuter avec les plantes sauvages comestibles
Monica, tu utilises régulièrement des plantes sauvages dans ton alimentation.
E : COMMENT AS –TU DÉBUTÉ AVEC LES PLANTES SAUVAGES COMESTIBLES ?

M :Le début n’a pas été linéaire. J’ai toujours aimé être autonome et indépendante et j’ai toujours regardé la nature avec des yeux d’enfant. Lorsque je suis devenue maman, j’ai commencé à faire quelques sorties avec des associations locales pour découvrir la flore du coin, les champignons.
J’ai participé aussi à des stages de survie pour me sentir à l’aise et confiante lors des bivouacs, apprendre à construire un abris, gérer la question de l’eau, apprendre les nœuds, l’orientation.
La question de la nourriture était la suite évidente. Je me suis donc inscrite à un stage sur les salades sauvages de 2 jours.
E :QUELLE A ÉTÉ TA DÉMARCHE POUR DEVENIR AUTONOME DANS LA RECONNAISSANCE DES PLANTES ET ÊTRE SURE DE NE PAS TE TROMPER ?
M :J’ai pris conscience que, pour être réellement autonome, les sorties et ateliers de reconnaissance étaient indispensables mais aussi la possibilité de reconnaître les plantes sauvages en autonomie.
J’ai donc démarré un stage de botanique : 4 jours pour apprendre une langue étrangère mais, surtout, pour plonger dans un monde dont je n’imaginais pas la richesse, la beauté, la complexité.
Entre balades d’herborisation et journées passées en salle à observer les plantes à la loupe binoculaire pour les déterminer, j’avais attrapé le virus vert !
E :QUELS ONT ÉTÉ LES LIVRES QUI T’ONT AIDE DANS TES DÉBUTS ?
M :Mes premiers livres ont été : LE GUIDE DES FLEURS SAUVAGES ( Ed Délachaux ) et la FLORE portative DE BONNIER .
Les promenades étaient devenues mon terrain de jeux, au grand désespoir de mes enfants
( Maman, on peut se balader sans ton guide aujourd’hui ?).
E :APRÈS TON STAGE DE BOTANIQUE TU ÉTAIS AUTONOME ?
M: Oulla, non ! J’ai répété 2 fois le même stage de botanique. Le plus dur pour moi était d’intégrer le vocabulaire et de savoir l’associer à ce que j’observais. C’était l’étape la plus difficile…apprendre à réfléchir d’une façon toute nouvelle où l’observation devenait aussi importante que les notions apprises.
E :QUELLE A ÉTÉ LA SUITE ?
M: J’ai herborisé, investi dans d’autres livres de reconnaissance des plantes sauvages comestibles, des livres de recettes sauvages, d’autres Flores plus régionales, participé à des stages avec des professionnels. Au fil des balades, des recherches dans les livres, j’ai commencé à reconnaître de plus en plus de plantes.
J’étais particulièrement intéressée par le côté comestible et médicinal des plantes. La Nature devenait un énorme potager, j’étais émerveillée par son abondance et sa richesse, gourmande de ses goûts inattendus et surprenants.
J’ai commencé à cuisiner les plantes sauvages à la maison, des recettes classiques et passepartout. Dans des fins de mois un peu difficiles j’étais vraiment heureuse d’avoir de la verdure gratuite. Puis j’ai commencé à être plus créative et courageuse et j’ai commencé à avoir une envie viscérale de partager tout ça !
E :QU EST-CE QUE CELA T APPORTE DE CUEILLIR ET MANGER DES PLANTES SAUVAGES ?
M :Personnellement je me sens en lien avec ma partie ancestrale de chasseuse-cueilleuse, ainsi qu’avec une forme d’abondance que j’ai dû apprendre à connaître pour ne pas me mettre en danger.
Ma façon de voir l’écologie a changé aussi, je la sens plus vraie et moins « romantique ».
E: TA PLUS GRANDE FRUSTRATION
M :Ma plus grande frustration est de ne pas toujours arriver au bout de l’identification, c’est parfois décourageant et il faut apprendre à gérer le sentiment d’échec
E :UN CONSEIL POUR CEUX QUI VEULENT S' INITIER
M :Le plus grand danger est de se tromper et de s’intoxiquer. Pour quelqu’un qui débute, je conseillerai de prendre un livre sur la flore locale. Cela permet de se familiariser avec les plantes qu’on côtoie tous les jours et de les suivre au cours des saisons. Puis faire des sorties, des balades avec des associations ou des professionnels pour avoir une méthode, être guidés, prendre confiance, sans oublier son appareil photo et calepin pour pouvoir retrouver les plantes par la suite.
Lorsqu’on démarre, on a l’impression que toutes les plantes se ressemblent. Si on arrive à intégrer 3 à 5 plantes lors d’une balade c’est déjà très bien. Les plantes, on les apprivoise, c’est une vraie rencontre, vouloir aller trop vite n’est pas, à mon sens, la meilleure façon de s’y prendre.
E :UN MOT POUR LA FIN ?
M: Nous connaissons déjà des plantes sauvages comestibles, sans le savoir. Il suffit parfois de franchir le pas et oser les mettre dans l'assiette.
Dans un prochain article, je passerai en revue quelques livres que j’utilise, leur points forts et leur points faibles.
En attendant, bonne découverte et bonne dégustation.